Toute l'histoire de Mutzig
Origines de Mutzig
L’ancienneté de l’occupation de la région de Mutzig est attestée par les nombreux indices relevés lors de fouilles archéologiques.
Découverte de vestiges paléolithiques lors de la construction de la voie ferrée Mutzig-Saales entre Mutzig et Gresswiller, et récemment un important site du paléolithique moyen (-90 000 ans avant J-C.) au pied des falaises du Felsbourg à la sortie Ouest de Mutzig.
Autre indice : un atelier de poterie romain à Heiligenberg-Dinsheim, atelier en rapport avec la voie romaine Argentoratum (Strasbourg) – Donon qui franchissait la Bruche probablement à la hauteur de Mutzig et la mise au jour d’un important cimetière mérovingien au nord-ouest de la ville au lieu-dit « Leimpel ».
Il faut attendre le Xe siècle pour trouver la première mention du nom de la ville : les évêques Richevin et Ruthardt donnent à l’église saint Thomas des vignes sises « in Muzzeca ». En 1263, nous découvrons « Muzziche » et en 1286 « Mutziche ». La ville est l’enjeu d’une longue lutte entre l’Empereur et l’Évêque de Strasbourg, lutte qui ne se termine qu’en 1308 par la victoire de ce dernier. À partir de ce moment, la ville resta sous sa souveraineté jusqu’à la Révolution. Elle fut engagée à différentes familles nobles, dont la plus illustre est celle des Landsberg-Mutzig.
Mutzig du XVe au XVIIIe siècle
Les guerres allaient souvent perturber la vie de la cité. En 1421, la ville était sauvée d’une attaque des strasbourgeois, puis, en 1444 elle se défendit victorieusement contre les Armagnacs, tandis que les villages de Wege et de Hermolsheim furent anéantis. En 1454, elle est occupée par le Duc de Deux-Ponts, mais libérée cette fois par les strasbourgeois. Par contre, elle n’eût pas à souffrir de la guerre des paysans (1525). La guerre de Trente ans (1618-1648) allait durement éprouver Mutzig.
En 1622, la localité est investie par les troupes de Mansfeld, puis en 1632 par les armées suédoises. Dans son sillage, la peste allait faire 300 victimes dont le noble Jacques de Landsberg. À la fin de cette sombre période, la ville ne comptait plus que 430 habitants. Mutzig n’allait pas non plus être épargnée par les guerres de Louis XIV : la campagne de Turenne, l’occupation de la ville par le général Montecucculi, par le général Créqui, par Monclar.
Le XVIIe siècle allait enfin être une ère de prospérité grâce au développement économique et démographique. Il ne sera troublé que par la brève incursion des Pandours (1744). Du point de vue administratif, la ville était présidée par un magistrat composé du prévôt, de deux bourgmestres et de neuf conseillers. Elle était le siège du baillage Mutzig-Schirmeck. La bourgeoisie se répartissait en corporations : bouchers, boulangers et meuniers, maçons, tailleurs de pierre et charpentiers, menuisiers, serruriers, vitriers, tourneurs et cloutiers, tailleurs, tisserands, tonneliers. Le principal revenu était fourni par le vignoble.
De la Révolution au XXe siècle
La Révolution allait profondément modifier le visage de la petite ville. En 1803, les frères Coulaux achetèrent le château et ses dépendances pour y implanter la Manufacture d’Armes. L’entreprise prit rapidement de l’essor. Elle fabriqua des armes à feu dont le célèbre fusil Chassepot du nom de son inventeur qui naquit à Mutzig. Citons encore la brasserie fondée en 1810 par Antoine Wagner, dont la production augmenta continuellement. Beaucoup d’autres petites industries prospérèrent également. La ville connut un développement industriel exceptionnel. Pendant la période allemande (1870-1918), Mutzig connut un nouveau développement grâce à la construction de la « Feste Willhelm II » et des deux casernes. Ces installations militaires transformèrent grandement le visage urbain de la cité.
Son blason...
Le blason de la ville représente Saint Maurice, légionnaire romain, entouré de 3 corbeaux. Il fut tué en 302 après Jésus-Christ par une autre légion romaine parcequ’il ne voulait pas participer à un culte païen.
Le premier sceau de la ville de Mutzig, représentant le blason remonte à 1263 : il est conservé aux archives municipales de Strasbourg.
On le retrouve principalement lors de la bataille d’Hausbergen (1263) où les 3 villages de Mutzig, Hermolsheim et Wege ont conclu un acte d’alliance avec la ville de Strasbourg, contre l’évêque de Strasbourg.
Les noms célèbres...
Alphonse CHASSEPOT
Fils de contrôleur d’armes de la Manufacture nationale d’armes, Alphonse CHASSEPOT est né à Mutzig le 4 mars 1833. Doué d’une vive intelligence et possédant à fond la mécanique, il devint l’inventeur du fusil à aiguille qui porta son nom et dont l’armée française fut munie de 1866 à 1874.
En 1858, à l’École de tir de Vincennes, où de très fréquents essais de fusils à aiguille eurent lieu, CHASSEPOT présenta pour la première fois un fusil de ce genre. Le 27 août 1866 il fit breveter son fusil sous le N° 79.699. Le 30 août 1866, l’adoption du fusil Chassepot, dit « Fusil Modèle 1866 » est décidée. En 1867, une commande de 180 000 fusils modèle Chassepot fut passée à la Manufacture d’armes de Mutzig ; et en moins de trois années, sous la direction du Colonel Clerc, cette commande fut exécutée.
Les Chassepots provenant de la Manufacture d’armes de Mutzig portent les lettres de série D, E sur le plan latéral gauche du canon. Alphonse CHASSEPOT, d’abord ouvrier au Dépôt central de l’Artillerie à Paris, fut nommé Contrôleur d’armes et Chevalier de la Légion d’honneur ; il mourut à Gagny en 1905.
Le chanoine Joseph GASS
Après sa scolarité à l’école communale il entre à quinze ans au Petit Séminaire de Zillisheim et passe l’« Abitur » en 1887. Puis Joseph GASS entre au Grand Séminaire de Strasbourg pour être ordonné prêtre à la cathédrale de Strasbourg le 10 août 1892. Il célèbre sa première messe à Mutzig le dimanche 14 août.
Il poursuit des études supérieures en automne 1892 à Munich puis en 1893 pour 3 ans à Würzburg. Il revient à Strasbourg en 1896 pour être nommé professeur d’histoire de l’Église au Grand Séminaire de Strasbourg où il assure la charge d’économe et de bibliothécaire à partir de 1899.
En 1914, il s’expatrie à Würzburg. Après la guerre il revient en Alsace et reprend son poste comme professeur d’histoire. C’est aussi l’homme de confiance de Monseigneur RUCH pour les affaires délicates liées aux problèmes autonomistes. Le 30 avril 1928, il est nommé chanoine titulaire de la cathédrale de Strasbourg. On lui décerne le titre de Chevalier de la Légion d’honneur en 1933 puis celui d’Officier en 1950.
Sa santé décline à partir de 1933 et il fait plusieurs cures à Bains-les-Bains, lieu où il reste pendant toute la durée de la Seconde Guerre mondiale. En 1950, il est hospitalisé après une chute et il décède le 25 décembre 1951 dans sa 85e année à la clinique Sainte-Odile. Depuis le 28 décembre 1951, il repose au cimetière de sa ville natale. Son œuvre consacrée surtout à l’histoire religieuse est considérable.
Jean-Baptiste Charles BOUCHOTTE
Il est né le 4 novembre 1770 à Metz (fils de Jean Didier Bouchotte et de Marie Lucie Georgy) (époux de François Sophie Jacquin).
Inspecteur de la Manufacture d’armes de Mutzig lors de sa création, Chevalier de la Légion d’honneur, Jean-Baptiste Charles BOUCHOTTE fut en son vivant lieutenant colonel d’artillerie, membre de la Chambre des députés de 1830, membre du conseil général de la Moselle, du conseil municipal de Metz, de la commission administrative des hospices civils de Metz, membre titulaire de l’Académie royale des lettres, sciences et arts et d’agriculture de Metz, etc.
Il décède à Metz le 25 janvier 1852 dans sa 82e année.
Louis François Antoine ARBOGAST
Louis François Antoine ARBOGAST, avocat et mathématicien est né à Mutzig le 4 octobre 1759 et décède à Strasbourg le 18 avril 1803. Fils d’Antoine ARBOGAST, secrétaire de BAILLI, et de Catharina SCHMITT.
Avocat non plaidant au Conseil Souverain d’Alsace, professeur de mathématiques, puis recteur au corps royal d’artillerie et de physique du collège national de Strasbourg ; il fut lauréat de l’Académie des sciences de Saint-Pétersbourg (1790). Membre de la société des amis de la Constitution ; notable de la commune, il fut élu député de Strasbourg à l’assemblée législative où il refusa de voter la mort du roi et joua un rôle effacé.
Réélu à la Convention, il fut à l’origine directe de l’adoption du nouveau système d’uniformisation des poids et mesures. Il fut aussi président du comité d’instruction publique. Il organisa l’école centrale de Strasbourg où il enseigna les mathématiques jusqu’à la fin de sa vie. Il était membre de l’Institut et de la Société libre des Sciences, Arts et Belles-lettres de Strasbourg.